[Critique] Libertad - chapitre 1, une partie d'album bonne mais moyennement rap

Voilà qu'est sorti le nouveau projet, le nouvel EP, annoncé par une série d'extrait. Résumons-le, que vaut-il ?

Sans surprise, Yayeboy commence l'EP chapitre 1, le morceau a tout de la démonstration. Le flow change radicalement, par étape, passe du kickage à de la trap, avant de se montrer plus épisodique. Je note une véritable fulgurance, une longue phrase qui part comme une rafale de mitraillette. Le morceau est plaisant mais soit y a un truc que j'ai pas compris, soit il manque un peu de structure. On y est un peu paumé à la première écoute, ce qui ne le rend pas du tout mauvais. On y reviendra.
30 millions d'amis est, de fait, convainquant, d'abord par son refrain accrocheur malgré son aspect très sobre. Megaski passe parfaitement sur le morceau, et du tout résulte une harmonie jamais troublée. Même si ça continue de sentir le 4Keus Keblack-esque, on ne peut pas lui reprocher de mal le maîtrisé. On peut lui reprocher de ne pas proposer énormément de kickage. Sirène, malgré une entrée bizarre, propose un de ces sons semi-chanté semi-rappé, une petite référence à Maska, une réf' qui semble mobiliser leur rôle de concepteur et de parolier dans l'ombre.
Au-delà de ça, le motif de la sirène est d'une efficacité surprenante, mais je le reconnais ce son, je sais que c'est Maska qui l'a placé, je l'ai déjà entendu dans un extrait, ou ailleurs. D'où ma question, où est Maska ? Malgré cette petite déception, l'apport reste très bien pensé : le morceau se tient de bout en bout, sobre et pourtant fracassant. Le son pourrait parler de sirène comme il parlerait de hit, sa cohérence peut se prêter, à mon avis à plusieurs interprétation, ce qui est plutôt balèze.

Mama mia pourrait passer inaperçu, car d'une part le titre a déjà été utilisé par l'artiste, et le motif répétitif (utilisé pour placer un flow appuyant sur les 4 dernières syllable), le morceau, comme Lefa dans CDM, se moque pas mal des famoso "brigands du rap". Mixage assez original voir tabassant légèrement le crâne au bout, de même que les ad libs, dont les rennes ont été vraiment lâché - pour le mieux, ça chacun sera juge. En ce qui concerne Pas pressé, j'avoue ne pas savoir quoi penser - le morceau s'articule autour de ce son de corde, et le refrain se baladera autour. Mais ni les couplets du type "J'écris des trucs/je taff", ni la topline du morceau n'est de nature à vraiment me parler, le morceau se laisse écouter, mais laisse transparaître une structure qui finalement, s'avère  assez répétitive, sur ce projet pourtant court, couplet refrain, après la voix se perd, puis laisse place à un final légèrement désaccordé.

César, annoncé de longue date, sauf que dans la version de l'époque l'instru envoyait plus, se dédoublant pour remplir ce qui ressemble un peu à des espaces vides. Un flow genre ça crache un max de vérité, ça rappelle que AD est moins le diminutif d'Adama que celui d'Africain Déterminé. Voilà donc le "A.D", le "Harvard" du projet. Je juge pas, mais bon, après aussi peu de parole, le morceau coupé en deux par quelques paroles me semble excessifs. Le texte est vraiment pas ouf, et les fulgurances se présente comme un flow se décalant petit à petit pour fleurter avec le off-beat ("footeux.. ou pas"). Artistiquement ça se tiendrait sur un projet plus grave, comme si AD se décalait pour se libérer de l'espace laissé par la prod autoritaire et faussement old school... Sauf qu'après ces 5 morceaux cela ne se justifie pas. La pirouette de fin ne semble pas avoir de valeur conclusive.

Conclusion : Ces 17 minutes passent très vite. L'EP a une grande ré-écoutabilité, et se montre surtout agréable du fait de l'efficacité de ses prod et refrains : On le retiendra plus pour sa musicalité générale que pour ses propos (je charbonne, les mytho mythonnent, fais gaffe aux meufs, la street c'est chaud y a la police etc. AD dit ici globalement moins, et parle avec moins d'audace que dans sa série de morceau "À la Barack"). Un peu dommage pour une partie qui se dit "Rap" - Savoir ce qu'on peut encore appeler comme ça restera un débat, qu'on ne va pas régler maintenant.
Ce qu'on peut toutefois dire avec certitude c'est que Barack va totalement dans le sens de la modernité, voir de la mode, à se demander s'il sera toujours percutant d'ici quelques temps. Le projet a l'air d'avoir partagé pas mal de sa conception avec Préliminaire volume 2, je serais tenté de dire qu'on est dans un cas de figure quasi-similaire : Sauf que, hormis quelques fulgurances, quelques bonnes surprise (Yayeboy, 30 millions d'ami ou Sirène), le projet ne décolle pas, n'est pas structuré. On bien face à un tiers d'album, et un album, qui quelque soit son efficacité, n'est et ne sera pas orienté rap... Ce qui ne l'empêchera pas d'être de la pop de qualité.