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Pour conclure - Espace-temps : 7 ans plus tard, une critique honnête

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Message par Admin Mer 1 Sep - 1:40

Pour conclure - Espace-temps : 7 ans plus tard, une critique honnête

Vous avez dû le remarquer en consultant le forum, il est mort.

La faute à l’activité erratique des membres de la Sexion, à l’arrivée éternellement repoussée du « Retour des rois ». Ce 3ème et dernier album était censé couronner le forum, avant sa fermeture définitive. Sans rien influencer dans le monde de la musique, les deux objectifs du forum ont été remplis : Voir les membres « revenir au rap », ce que beaucoup d’entre eux ont fini par faire, sans passion, et pour se plier à la mauvaise trap festive, et aux démonstrations techniques stériles.

Barack a balancé son Lib3rtad, inégal mais plus intéressant que les propositions de la saison 2 de la Zumbagande – démonstratif quant à ses ambitions limitées en matière musicale. Lefa a balancé DMNR, bon petit EP hélas entaché de plusieurs tentatives qui ont révélé son inefficience thématique. Par peur que DMNR soit considéré comme trop couillu, il l’a vite rangé aux vestiaire pour nous proposer le sirupeux « Code PIN », inutile voir risible. Pour « équilibrer », pour donner des gages à tout les publics dont il suppose la présence. Au niveau des gros vendeurs, ou des ex-gros vendeurs, le paysage est encore plus ravagé. Gims a démontré que son rap n’avait pas évolué, comme le montre ses tentatives de se plier, au forceps, aux formes actuelles, se faisant bouffer sur tout les featuring en tentant la sur-performance et plagiant deux classiques au passage (oui oui, ce ne sera pas oublié). Le « vestige du fléau », malgré un titre alléchant, et un featuring (très moyen) avec Nekfeu, s’est révélé être une sombre enculade. Au-delà de 2, voir 3 morceaux potables, le binoclard de Yolo a fait l’impasse sur ses connexions neuronales pour privilégier ses connexions latinos, nous livrant par la même les plus infâmes des soupes, abandonnant toute ambition. C’est qu’il faut du talent pour faire pire que les deux rééditions de LCN : Du talent ou une volonté pure comme de l’acier, celle du sabotage, ou de l’auto-sabotage. Reste Big Black M, Big flop pour son premier EP, condamné à se prostituer sur les réseaux sociaux en mettant en scène son quotidien. Son label, OVTP, lunaire, a des ambitions déconnectés des moyens réels dont il dispose, et se trouve, surtout, abandonné de tout ce qui ne vient pas de Guinée. Scène musicale vivante, certes, mais entre les Kalash et autre Gato, les tentative pour introduire des rappeurs non-francophone issu de la sphère de la francophonie se sont montré extrêmement inégal (et encore, Kalash pousse la chansonnette).

Oui, Alpha ep.1 est bon, très bon, même, mais à ce niveau de flop ce n’est plus le sujet. L’enfoncement catastrophique de la popularité de Black Mesrimes trouve son origine dans une lente évolution, mais jamais elle n’a été aussi basse. On peut dire qu’on aura fait le tour de ce début de décennie catastrophique pour la Sexion, soumises aux nouveaux formats de publications, à l’indigence des nouvelles forme de peura, à la volonté de se faire (ou de continuer à se faire) de l’oseille, sans proposition artistique, sans direction artistique intégralement suivi (oui, cela concerne également les projets de Fall). La Sexion, comme ensemble a rempli inégalement, l’objectif pour lequel ce forum a commencé à exister. Alpha ep1, ça rap. Le Fléau est un album spécialement dédié au rap, Lefa continue sur sa lancée depuis 2016 (année de lancement du forum d’ailleurs), bref, objectif atteint, mais atteint de façon bizarre, décevante. L’environnement dans lequel avait évolué la Sexion à son apogée (qui n’était pas pendant « L’Apogée ») avait laissé un certain nombre de choses dans l’ombre. Mais ce qui faisait office cache-misère dans les années 2000 ne fonctionne plus aujourd’hui. Et sans pouvoir step-up, la Sexion nous fait une petite traversée du désert, un manquement, comme un blanc.

Ah bah, justement, manquait le blanc, le white, le blancos à l’appel. Oui, j’ai salué son « Préliminaire vol.2 », (et maudit sa partie 1), parce que c’était un projet qui le méritait largement. Mais qu’est-il devenu ? Eh bien, comme vous pouvez le juger par vous-même, il s’est lancé dans des expérimentations oniriques et romantiques (non seulement dans le propos mais aussi dans l’esthétique), qui se veut sans doute élégant, mais qui pue la réorientation tardive à direction d’un public mal délimité, peut-être ceux qui écoutent du Roméo Elvis, du Django, du Lord Esperanza ou toute autre tata inconséquente qui n’aurait jamais pu percer sans l’ouverture du rap aux masses bobo en manque de frisson, mais pas en excès de curiosité. En défnitive, j’ai écouté mais j’ai rien dit. Pour ceux qui ont découvert le rap au milieu des années 2000, et quelque fut la débilité du game français et sa médiocrité en ce temps-là, il faut reconnaître que le rap-bobo post-Lomepal est pour nous une culture étrangère, raison pour laquelle je balancerai toujours dessus vergnogneless.

Nous sommes issu d’un certain âge du rap, porteur de certaines valeurs, style, etc. Et en même temps, les années ont passé, mes goûts (et les vôtre, si vous avez fait preuve de curiosité) ont évolué. Il y a nombre de nouvelles formes que j’ai fini par apprécier, en me penchant non sur les copies, mais sur les originaux. Se pencher sur le rap américain (en particulier celui d’Atlanta et d’Houston) permet de comprendre ce que les trappeurs ont tenté de faire en pompant du T.I et du Rick Ross. Dans ma curiosité je me suis refait toute l’histoire du rap, le rap us, east coast, néo de Détroit, puis ce qui a été chié à l’Ouest, avant de tourner mon regard vers le sud. En chemin, j’ai également écouté du son français, déjà, la discographie de tout les grands classiques, les projets plus discrets mais mieux produit des années 2000’s, ce qui fonctionnait à l’époque etc. et cela a fait évoluer mes goûts musicaux. Pire : Cela a remit en question ceux que j’ai toujours porté aux nues. Sexion a perdu sa magie pour moi, et ne l’a gardé que pour les vieux fanboys, du fait de ses récentes incapacités à se tirer hors de son environnement pour écrire des morceaux. Ghostwritté, conseillé par des expert-es en Drill, ils donnent le sentiment d’avoir, depuis longtemps, abandonné. Faiseurs de mode, ils sont devenu de bons suiveurs. Mais tout univers émergeant au sein de leurs sons a disparu. Alors, voyant que le Retour des Rois n’adviendra jamais (rajouter du drama étant mon plaisir coupable), je me dis qu’il n’y a pas de raison que j’élude le décalage entre l’oreille d’un auditeur devenu plus averti et les souvenirs que m’avait laissé la S.A. Démonter la Sexion actuelle ne suffirait pas : Avant de passer à autre chose, il faudrait aussi attaquer au coeur le « mythe sexion », qui s’est développé dès 2012. Globalement, je pense qu’on peut découper une sorte de chronologie, les différentes étapes par lesquelles est passé le groupe, chronologie qui ne s’arrête pas au « départ en solo » de ses membres.

2005-2009 : Période Underground, technique, sans concession, mais aussi sans prod (et globalement le choix d’imiter le flow gangsta-rap produit par Dre, je veux parler du G-Unit, groupe composé de Lloyd Banks (qui a produit l’instru que Gims a rippé pour "à 30%") Fifty et Yayo n’avait musicalement pas beaucoup de sens).

2010-2012 : Signature en major, succès commercial, chanson de plus en plus présente (et omniprésence de Gims par la même occasion, qui, à l’exception des Chronique vol2, va oblitérer la qualité rapologique des projets).

2013-2015/2016 : Départ en solo, diverses tentative de bracos « classique ». Gims et Black M se réorientent et parviennent à devenir énormes. Mais cela se fera au détriment des attentes de la base dure de leur public. Gims aura l’intelligence de le comprendre en proposant pas mal de morceaux rap, Black M tombera dans le panneau. Maska échoue, et c’est ce qui va nous intéresser. Période où le Wati-B pèse très, trop lourd, et va proposer des projets en signant des artistes dans tout les sens, sans suivre au niveau promotionnel, condamnant la plupart de ceux-ci à une disparition rapide. Le cas Jarod est instructif, de même que ce qui est arrivé à l’Institut (ou à Shin Sekaï, Red Cross, Biwaï, Charly Bell, Beriz, etc. etc. j’en passe et des biens pires).

Mi-2016-2019 : Avec le retour de Lefa (et le départ de Gims du Wati-B), les membres radicalisent leurs propositions - pour le meilleur et pour le pire. Période de 3 du mat et de la Ceinture Noire, le spectre des propositions ne sera jamais aussi large. Le Wati-B va commencer à lentement crever, en ayant vu trop gros, avec la réalisation d’un fucking film, « La Pièce », dont le concept simpliste est une bien mauvaise interprétation d’un son de Dry du même nom. Un film qui plombera des finances dont le trou va s’agrandir avec le départ de Gims.

2019-De nos jours : On entre ici dans la période d’indigence, du retour au rap. « Fame » ouvre le début de la « performance singé ». Ils s’y mettront tous, dès lors : « Le Fléau » en est l’exemple le plus éclatant. Là où Gims avait la possibilité de livrer un projet intéressant, il livre un catalogue pénible de « ce qui se fait en France, 2020 », là où Fall s’adapte avec succès aux Traviscotteries de tout poil (mais pas que). Tout ce qui restait chez Wati-B se barre. Lefa ouvre 2L, Barack H24, Doomams et Jr O Chrome partent sur Black Carpet, bref, personne n’est assez con pour rester sous la bannière de cet escroc de Dawallah.

***

Bref, à supposer que cette chronologie est canonique, et considérant que ce qu’il s’est passé de plus significatif pour l’image de la Sexion s’est passé durant l’ère des bracos (2013-2016), je pense que c’est une période qu’il va falloir examiner au scalpel. Une période où Gims a vendu 1 million, Black M 900’000, chacun vendant plus que le groupe réuni (à 700’000 pour son projet le plus vendu) et où le Wati-B était peut-être l’une des rare structures à peser dans le rap, de par la présence de Gims dans son palmarès. Ce qui a évidemment démultiplié la présence de ces deux-là, les transformant en phénomène de société, changeant l’industrie de la musique bien au-delà. On pourrait se pencher sur chacune des ères, sauf que les deux dernières ont déjà été traité, en long et en large sur le forum, et que l’ère bracos a donné lieu à un certain nombre de mythes.

Et c’est pour attaquer c’est mythe qu’on va donc parler ici d’Espace-Temps, sortit le 20 octobre 2014. Album surcoté dans la communauté des puristes, et ce malgré (ou grâce à?) des résultats de vente déplorable. Il est temps, plus que temps même, de venir rajouter de l’analyse et de l’objectivité, quitte à brûler certaines idoles. Le choix n’est pas anodin : Espace-Temps est une démonstration, de tout ce qui ne va pas dans le rap de la Sexion de cette époque – et, avec le recul, on comprend qu’Espace-Temps, en « projet rap » qu’il se prétend être, en dit encore beaucoup plus.

Espace-Temps : Brièvement, les raisons pour lesquelles ce projet n’a laissé aucun souvenir

Afin de ne pas assomer le lecteur de 20 pages d’analyse en parlant de tout et de rien, je vais essayer de rendre mon propos le plus concis et le plus lisible, pour pallier à cette longue introduction, nécessaire malgré tout. Pour une fois, changeons de focale, ne comparons par les albums de la Sexion avec d’autres albums de la Sexion, mais ces derniers avec le rap, le niveau global.

Qu’est-ce qui distingue un bon album d’un mauvais album ? La solidité, en premier lieu. La proposition doit être conséquente, avoir une direction artistique et non une arnaque. La personnalité, également : Original ou non, il doit être claire dans sa proposition, organique dans sa composition, et déconnecté des modes du moment, le plus possible. Enfin, il y a les aspects techniques, la qualité des prods (qui doivent également être adapté au projet), et celles des textes (quel punch, quels flows, quel style, éventuellement, quel propos).

Et si il y a des caractéristique dont Espace-Temps est démunis, se sont bien celles-ci, et d’un bout à l’autre. Si quelques morceaux surnagent, cet effort et cassé par la démarche dans laquelle s’inscrit l’album.

« Sommaire » un morceau synthétisant l’album avec justesse

Voyons déjà le premier morceau, appelé « Sommaire » de façon heureuse – d’abord parce que le dit morceau ressemble à un long freestyle de 05:23, formalisé en un exercice tout ce qu’il y a de plus sommaire. La prod à base de chants grégoriens, des corbeaux tendant à rendre l’ambiance d’un champ de bataille médiéval, ne laisse place à aucun propos précis. Que fait donc Maska ici ? Je défie quiconque de trouver là-dedans une punchline censée. Bien sûr, je ne suis pas idiot au point de demander à ce que Maska fasse un morceau à thématique. Ce n’est pas ce que j’entend par censé, ni ce que quiconque attend dans le rap. Mais on pourrait attendre au moins, au minimum, une esthétique, quelque chose qui relate un sentiment, une image, un délire qui puisse être capté par l’auditoire. Par exemple (et je ne le citerai pas de façon abusive) l’album « Temps Mort » de Booba, dont la pochette d’Espace-Temps s’inspire (pour être plus précis, on dirait un mix avec l’album « Lunatic »), ne parle jamais d’un truc précis, mais garde une unité de thème. Paumé au milieu d’un égotrip insensé, Booba glissait des punch qui synthétisait une posture, un regard sur une situation donnée.

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Dans « Sommaire », quel est la place qu’occupe Maska par rapport à son environnement ? Je ne suis pas sans savoir qu’une majorité de rappeurs se contentent d’avoir comme sous-texte « Gngn Je suis le produit de mon environnement lololol  nique la société je suis autodestructeur ». Mais dans le cas de Maska ? Après quelques écoutes, on est en droit d’hésiter entre :

- Un prophète/conseiller pôle emploi qui crache ses vérités à l’auditeur en poursuivant une rigueur morale prescriptive.

- Un gars totalement dans le mal qui se repend de ses pêchés. La morale est ici performative : « Je ne suis pas un exemple morale ».

La morale presciptive : Position ô combien prôné par la Sexion pendant son âge Underground. «  Fait gaffe hein. Écoute bien tes parents ou atrocement tu mourras hein. Petit con va. T’es le seul à rien foutre, et on te met des grandes claques dans la gueule histoire que tu te réveilles. » C’est un moralisme qui s’assume et qui a donné les plus belles lignes de la Sexion. Oui mais, en même temps, Maska lache plusieurs lines qui montre une position toute autre. Vous, en position d’auditeurs, êtes-vous franchement intéressé de suivre les indications morales d’un gars qui vous dit qu’il est moralement au fond des chiottes ? Au final, ses prescriptions pourraient bien s’appliquer à lui-même. Rien n’empêche d’interpréter le son comme un type qui se parle à lui-même. Position, encore une fois, parfaitement acceptable, mais qui n’est pas clairement indiqué, et qui ne susciterait l’autocritique chez l’auditeur que si celui- pouvait s’identifier. Sauf que non, puisque la démarche de Maska consiste à jouer entre prescription et performance morale. Sur le plan littéraire on est sur une dissertation longue et mal ficelées. Là où le petit ourson du 92i aurait, selon ses termes, « composé un puzzle de mots et de pensées », il l’aurait fait au service d’une image globale, qui, même incertaine, pourrait être qualifié. La compilation de dictons et d’autocritique de Maska ne sont au service d’aucun panorama.

Ça, c’est pour la démarche. Il faut ajouter que cet exercice dialectique se fait sur un beat des plus austère, au moins autant que la forme qu’il prend. Qui voudra le réécouter deux fois ?  D’après les crédits, la prod aurait été réhaussé par la direction artistique… de Gims. Vous pouvez vérifier. Pour qui connaît bien les intro des albums de Gims et sa façon d’invoquer, parfois, des ambiances marquées, mais au service d’un dessein (trop) cryptique pour le commun des mortels que nous sommes, ce n’est absolument PAS surprenant.

« Sommaire » porte réellement bien son nom, en quoi il est le sommaire d’absolument tout les problèmes que rencontrent Maska sur cet album :

- Manque de solidité des textes (dans la démarche et le propos)
- Manque de punchlines ou d’images réellement marquantes pour coller à une DA qui se veut marquée, par l’ajout de tout un tas d’artifices. Manque d’efficacité et périphrase à foison.
- Démarches finalement plus pop que rap
- Gims.


Je n’aborderai bien sûr pas la question de la répétition ou non des flows. C’est en effet une impression qui peut nous traverser à l’écoute, qu’il y a 2 ou 3 flows qui se succèdent de façon régulière, « Sommaire » en est un exemple, « Ying / Yang » aussi (comparez le couplet de Maska et celui d’Abou Debeing) : Mais on pourrait arguer que certains flows font leur apparition dans « Rahh », et c’est vrai : Reste tout de même que les intonations sont les mêmes, et c’est sans doute là que ce situe le problème, d’avoir le sentiment d’écouter toujours le même morceau sur des prods différentes. Je serais partisan de dire que c’est l’un des défauts du projet dans le sens où ça rend son écoute pénible selon moi, mais chacun sera juge.

Tout comme chacun sera juge de la punch que j’ai gratté en 2 secondes et qui servira de titre à la partie suivante.

Un album sans punchline, c’est comme un bateau-fantôme : ça avance sans faire de vagues

Globalement, l’album manque d’image réellement marquante, de truc un peu crade qui le rendrait plus radical. Y a quelques timides tentatives, ceci dit, mais cela reste très allusif, et paumés au milieu de périphrases :

Mon seul pote garde ma fille, si on la touche j'me fusille (Bang bang)
Ce soir, j'rentre tard la p'tite est en pleurs
C'qu'elle dit me met une tarte, elle en tremble encore de peur  
Mon seul pote ce fils de lâche , a plus qu'enfreint sa pudeur  
J'vais lui mettre une balle dans l'crâne pour m'retirer ça du cœur (Bang bang)
Tu m'as pris en traître en m'faisant croire à d'l'entraide  
T'as des fusils chez toi ? Sers-t'en, ce soir j't'enterre

Voir même carrément censuré.

Quand l'diable, vêtu d'une robe, t'enlèv'ra ton pote
Tu comprendras qu'une belle femme peut faire du mal avec ses formes
Manger l'cerveau avec ça ch**, l'image est gore
Mais tell'ment vraie,
j'f'rai plus d'efforts pour mettre mes potes face à leurs torts

Et le tout dans un morceau, « Mes peines perdues » qui, s’il bénéficie d’une interprétation tout à fait correcte, est, pire encore, adoucit à outrance par la voix sucrée de la chanteuse Lynda, ce qui rétablit de l’équilibre là où il devrait précisément ne pas en avoir.

Enfin, reste les images radicales complètement random, telle celle dans « Raah ».

Les gens biens deviennent étranges
Quand t'es sincère tu déranges
La vérité m’étrangle
Si un traître veut me dead tôt ou tard un frère me venge
Qui t'dit qu'Hitler n'est pas vivant ?
Leur amour propre est salissant

Quel rapport entre la ligne avec Hitler, ce qui précède et ce qui suit ?
Heureusement, les petits génies de Rapgenius ont encore une explication du tonnerre :

L'évocation de la possible survie du dictateur dans cette phase est avant tout symbolique !
En effet on doute que Maska y croit lui même puisqu'il disait dans L'oeil de verre : « L’homme venere l’intelligent en oubliant qu’Hitler l’était »

Pour conclure - Espace-temps : 7 ans plus tard, une critique honnête Wat

Symbolique de QUOI ?

Définition de symbolique : Le mot symbolique peut prendre différentes significations. Pour tous les sens pris par ce mot en adjectif : « Qui n'a de valeur que par ce qu'il exprime ou ce qu'il évoque ».

Qui exprime quoi ? Qui évoque quoi ?

Ça c’est du pur Genius, suffit de lâcher un « Non mais tu comprend pas c’est symbolique » et de renvoyer à un ancien morceau avec une punch faisant plus de sens, dans laquelle Maska citait déjà Hitler. En vérité, je vais vous dire, c’est random, ce qui compte ici c’est la geste, l’esthétique. Dans « Rahh » Maska est très colère, et suppose qu’il faut se débarrasser de gens très mauvais (ce qui est selon lui une vérité). L’humanité doit se manger des balles, et c’est bien normal puisqu’Hitler s’y trouve peut-être encore, donc, tirons dans le tas, qu’importe. C’est du moins comme ça que je perçois ce qu’il dit.

À moins que Maska est en train de dire qu’il est Hitler, tellement qu’il est colère et tellement qu’il va buter tout le monde.

Pour conclure - Espace-temps : 7 ans plus tard, une critique honnête 5l8j3b

C’est pas bien claire. C’est mal écrit.

Ce que j’ai dit sur la dialectique prescriptif/performatif mal foutue de « Sommaire » et « Ying Yang » peut également s’appliquer aux couplets rappés de «  J’implose », « Rien sans les autres », « Tout le mal » (sur un refrain pété d’ailleurs). « Relativise » est purement prescriptif (Maska te donne des conseil pour positiver), les couplets de « Profiter de ma Life », sur un refrain performatif (moi je fais ceci cela), propose des couplets exclusivement prescriptifs (fais ci fais pas ça). « Mama » est purement performatif (en même temps, il parle de la relation qu’il a avec sa mère sur un ton pathos). J’en profite pour rappeler que la Sexion a déjà écrit sur les maman : et la façon dont elle maniait prescription et performance était alors d’autant plus équilibré, mais trouvait son sens dans une multiplicité de témoignages, là où Maska est ici seul. Et on touche peut-être du doigt ce qui rend l’album si oubliable, ce n’est en tout cas que mon avis. Maska, qui avait un rôle-fonction très précis au sein du collectif, se retrouvant à étaler son discours sans environnement, seul, ne pouvait probablement pas marcher.

À ceux qui pensent que j’exagère vous pouvez le vérifier, par le biais d’un petit jeu : Prenez une feuille, deux colonnes « Prescriptif (faites-ci faites ça) » et « Performatif (Maska devrait faire ceci, cela) », et notez les punchline. Si vous avez bien compris ce dont il est question, vos colonnes seront très, très vite remplie. Vous pouvez même adapter cet exercice en jeu à boire si vous ne craignez pas le coma éthylique.

Voilà qui est dit. De leur côté, « Ère du temps » et « Rahh » sont plus dans un délire égotrip, plus technique – le premier, en cassant l’aspect performatif (« je suis pas parfait et alors ? ») et le second en prescrivant à ses ennemis d’aller faire un croche-patte à un train, ce qui les fait ressortir, au prix parfois d’images manquant de percutant, justement. Problème qui étrille les morceaux-thématique tel « Prie pour moi », « Mes peines perdues », « Qui les a blessé », et « Prêt à tout ». Ce dernier étant, avec son survol chronologique d’événement ayant marqué le parcours de Maska, sans doute l’un des plus réussi à tout point de vue, et aurait pu se passer d’un refrain pas ouf pour privilégier les percussions assez peu conventionnelles en fin de morceau. L’album se clôt sur le morceau « Espace-Temps », dans lequel Maska mêle d’un discours performatif la souffrance dont il est l’objet, saupoudré de quelques dictons (« Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour le fric »), mais ne peut s’empêcher de terminer sur une line complètement incompréhensible à propos de ce qui devait être l’album suivant, Intemporel. Ce qui remet d’ailleurs totalement en question la définition du terme espace-temps selon Maska. En effet, si le son se savoure et qu’il constitue un espace-temps dans nos têtes, intemporel c’est quoi, une diffusion radio en boucle ?

Sans doute y avait-il là l’expression d’une ambition. Et l’idée qu’Intemporel allait être encore plus censé qu’Espace-Temps, censé au point qu’il impossible à dater, un projet qui ne vieillerait jamais. Un beau rêve, mais qui n’a pas eut lieu. Ce que nous avons sur les bras c’est Espace-Temps, et le moins que l’on puisse dire c’est que sa direction artistique allait bientôt rendre cet instant jetable.

Une démarche plus Rythm que Poetry (nul, certes mais moins lamentable que « plus pop que hip »)

Là où Maska, et le Wati B ont vendu « Espace-Temps » comme un projet purement rap, de façon à ce que tout le monde le retienne comme tel, ils ont néanmoins fourré, caché au milieu de cette esthétique, tout un tas d’éléments musicaux. Non, je ne parle pas des prod, qui de Stan-E à Shyne Bangerz, en passant par l’inévitable homme à tout faire Renaud Rebillaud et Oster Beatz (un beatmaker allemand si j’ai bien compris ?). L’album tient en effet moins à sa plume (propos, flow, images etc.), dont on a vite fait le tour, que dans ce qui le met réellement en évidence : Les refrains. Et force est de constaté que si Dadju sonne juste sur « J’implose » (bonne synthèse musicale des propos de Maska sur tout l’album), il raconte n’importe quoi sur « Qui les a blessé » (sans déconner, « avant qu’ils n’apprennent à marcher » ? On parle bien de la colonisation ? Quand bien même le sujet serait la mondialisation, bordel, les tiers-mondistes ne rampaient pas sur le sol jusqu’à ce que les McDo y ouvrent leurs portes!). Gims est lui aussi à côté de la plaque sur « Prie pour moi », Abou Tall raconte nimp sur « Relativise »… « Relativise » (prescriptif) reprenant d’ailleurs trait pour trait le modèle de « Ère du temps » (à la performance cassée).

Il y a quelques rares morceaux où Maska fait lui-même ce job,  « Ère du temps » et « Rien sans les autres » prouvent qu’il est plutôt capable. Le deuxième est très dans cette vibe « Rap-folk » qu’on a pu trouver dans la très bonne série d’épisode publiée avant la sortie du projet. Ces morceaux (« Mon mal-être », avec un Dr.Beriz aérien, l’agressif « Un grain de folie » - dont le clip a disparu – le nostalgique « Ça va aller », le mélodieux « Parcours de rêve », l’égrotrip et technique « Laisse passer l’artiste »), étaient magnifique en terme de DA, c’est une connerie absolue que de ne pas les avoir inclus dans le projet, surtout qu’ils étaient bien plus efficace dans ce créneau Rap-folk dont seul « Rien sans les autres » pourra profiter. Je vois cette série promotionnelle comme ce qu’aurait pu être Espace-Temps au niveau musical. De fait, il y aurait eut du rap, et sans doute ce rap aurait-il détonné vis-à-vis de la variété que balançait Gims et Black M en 2014, il n’empêche que les refrains sont omniprésent, et qu’ils mettent un sale coup à l’oeuvre global. Souvent mal placés, leurs textes ne peuvent en aucun cas permettre aux couplets de trouver une unité thématique. Et comme c’est ce dont on se souvient le plus (Bang bang), ça vient encore diminuer la force des morceaux.

Regardez les interviews d’époque, où Maska passait sur Rapelite : Maska considérait que son album devait « ressembler musicalement à Sexion d’assaut (du point de vue de la « polyvalence », Maska comprend donc, par Sexion, celle de « L’Apogée ») où ce qui allait prédominer serait son écriture », résume absolument le rapport à la pop qu’avait Maska.



Pour être tout à fait complet, il faut ajouter que le morceau « Prie pour moi », a engrangée, à l’époque, des millions et des millions de vues. Un hit, presque, et en particulier pour un artiste comme Maska, qui avait certes atteint le million sur certains de ses épisodes « Rap-folk », mais restait en mal de morceaux marquant. « Prie pour moi » a eut le triple défaut d’attirer l’attention sur lui au détriment du reste, et de ce fait, le morceau a acculturé l’album, qui apparaissait comme un sac de storytelling, ce qui est numériquement faux.

Conclusion

En manque de solidité, et en présence de tout les défauts cités, l’album a en plus été mal vendu, mal présenté. Vendu comme « Rap » a des fans de Sexion passant de plus en plus à la variet’, travaillé par un marketing pop un projet qui, on le rappelle, délivraient des refrains par l’intermédiaire d’autres chanteurs, aux propos erratiques, dans un album cadré par deux couplet unique de 5 min. Le tout sur des prods austères et un manque navrant de punch. Le projet ne sera pas non plus dans ce qu’on nommera « L’Ère du temps ». Bien que des snares se fassent entendre, en particulier sur le dernier morceaux, on est, en 2014, au confluent de la trap en France et des prods d’Atlanta. 2013 a vu apparaître le phénomène « Or Noir », et 2015 va refermer la boucle en ramenant sur le game des prods épurées, qui deviendront dès lors la marque de fabrique de la plupart des rappeurs connus, pompant le « If you reading... » de Drake, cette mixtape ayant eut une grosse importance sur le public français. Maska s’est donc trouvé à la croisée des chemins, pour créer ce qui allait finalement être un projet oubliable. Un album pop inabouti, fondé sur le modèle typiquement Wati-B, parmi la foulitude de machin boiteux déversé par Dawalah dans les rayons CD des grandes surfaces. Et oui, empocher une fortune ne se fait pas sans bien « charbonner », quitte à pourrir l’industrie en ciblant les 8-12 ans – même s’il faut pour cela foutre en l’air la carrière d’artistes ou des groupes qui ne s’y prêtaient pas.

Au vu de ce qui a été dit, vous comprenez mieux les raisons pour lesquels j’ai fait cette longue introduction. User de ces catégories va nous amener à poser un regard objectif sur certains mythes fondateurs de la Sexion. Le but étant de comprendre d’où c’est venu, ce qu’ils n’ont pas atteint, et ce qui constituait leurs vrais forces, celles qu’on peut retrouver ailleurs (et de facto, comprendre de quel « ailleurs » il s’agit). D'un point de vue artistique, la Sexion n'a pas prouvé, mais a encore tout à faire. "Oui mais euh elle a vendu". Qu'importe : Ce forum n'a jamais prétendu suivre des marchands mais bien des artistes.

Cette déconstruction arrive maintenant, pour ne pas être trop en retard sur la fin du groupe. Entre 2001 et 2021, des choses auraient pu être faites. Depuis 2012 au moins, des choses auraient du être faite. Il est à présent nécessaire pour les fans restants de gagner en maturité, en commençant par ne pas en vouloir à ceux qui en donnent l'exemple.



le 31.08.2021

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